Je construis des bâtiments depuis 1996. Originaire de Thionville, j’ai travaillé et résidé à Paris de 1996 à 2007, après avoir été diplômé de l’Ecole Spéciale des Travaux Publics et du Bâtiment de Paris en 1995. Si mes premières interventions dans l’univers de la construction se font au travers de mon métier d’ingénieur structure, l’architecture m’attire et je suis les cours de l’Ecole d’Architecture de Paris Tolbiac, parallèlement à mes travaux auprès de Marc Malinowsky, le plus architecte des ingénieurs. Je créé TECHNE en 2003. Ce bureau d’études évolue très vite de l’ingénierie structure à la maîtrise d’œuvre générale de conception et de réalisation. Projets, missions et échanges avec les architectes, autres ingénieurs, donneurs d’ordre ou collaborateurs salariés viennent ensuite enrichir les compétences et les domaines d’activités de TECHNE et personnels également. En 2007, nous relocalisons l’agence en Moselle pour s’y développer tout en conservant l’activité parisienne, mais avec un cadre de travail et de vie bien meilleurs. Je termine mes études à l’Ecole Nationale d’Architecture de Nancy, avec le diplôme d’état en 2019 et l’HMONP en 2020. Aussi, l’inscription à l’Ordre des Architectes et la création de LABe ARCHITECTURES sont effectives dès 2021. 2021 n’est ni l’aboutissement, ni la conclusion d’une carrière d’ingénieur, mais n’est pas non plus le début d’une nouvelle vie professionnelle. Devenir architecte est, certes, une fierté personnelle du fait de ce long parcours, mais c’est plutôt un enrichissement intellectuel et artistique supplémentaire. Avec TECHNE, mon équipe et moi-même étions déjà, sur certains projets, mandataires de l’équipe de maîtrise d’œuvre. La maîtrise d’œuvre d’exécution, que nous avons assuré dès 2005 compose une grande partie de la mission de l’architecte. Nous ne découvrons pas le Projet ni le Chantier. Par contre, ces expériences, ces compétences font des projets étudiés au sein de LABe ARCHITECTURES des édifices construits, réfléchis et aboutis. Aujourd’hui, entouré de quatre personnes de formation architecte, je garde ce regard technique et synthétique développé pendant 25 années d’ingénierie et de maîtrise d’œuvre. Ainsi, la qualité de notre équipe nous permet discussions et échanges autour de nos divers travaux et surtout une liberté totale de création. Depuis notre origine, via l’ingénierie structure puis la maîtrise d’œuvre, nous avons pu aborder toutes typologies de projets, en allant des centres commerciaux aux établissements hospitaliers, ou des salles sportives et culturelles aux ensembles scolaires et périscolaires, ainsi que le logement individuel et collectif évidemment. Aujourd’hui, et forts de cette expérience, nous adaptons notre création architecturale à tous les types d’édifices. Sans être spécialistes d’une fonction précise, nous n’appliquons de ce fait pas de certitudes ancrées dans une pratique récurrente. Nous traitons les problématiques et les souhaits de nos maîtres d’ouvrages avec une analyse spécifique et une liberté architecturale, plutôt qu’avec des recettes établies et répétées. Nous renouvelons, ainsi, sans cesse, notre création architecturale et inscrivons nos constructions dans leur époque.
Un courant de pensée a vu le jour ces dernières années, celui du réemploi. Plus prolixe hors de nos frontières et notamment en Suisse, il vise la déconstruction méthodique des existants afin de réutiliser certains matériaux de construction. Lorsqu’ils sont bruts, des briques, des pierres, le cycle est parfaitement vertueux. Lorsqu’il s’agit plus de produits déjà transformés, la démarche est plus complexe. Réutiliser une couverture en tuiles mécaniques semble tout-à-fait possible, mais bride déjà la liberté architecturale. Quant à replacer une fenêtre ou une porte, on frôle le pastiche voire une vertu extrémiste, et contreproductive puisque ladite menuiserie a certainement des capacités thermiques largement obsolètes. Si cette démarche ne doit pas être ignorée, et nous ne l’ignorons pas, nous appréhendons l’existant avec la volonté de réhabiliter plutôt que de réemployer. D’abord parce qu’il s’agit d’une approche plus libre car nous ne nous interdisons pas de démolir et surtout pas de mettre au rebus ce qui n’a plus de réelle valeur, ensuite parce que c’est un principe économique. Ce qu’on laisse en place ne coûte rien. Cette économie est à l’origine de la réhabilitation du bâti et non un impératif écologique. J’ai construit mon expérience en Ile de France, et particulièrement à Paris, dès mes premières années d’exercice d’ingénieur structure (2000-…) ; en mettant mes traits dans les dessins des architectes de projets de réhabilitation, il est vrai, mais en comprenant donc très tôt l’intérêt du concept. A Paris, cet intérêt était dicté par les contraintes budgétaires et les contraintes de réalisations liées à des démolitions trop lourdes en centre urbain, puis des reconstructions trop onéreuses quand le foncier avait déjà impacté le coût global. En tant qu’ingénieur, et à la demande de l’architecte, j’ai pu comprendre et apprendre les techniques des principales époques. Et ce, pour comprendre enfin qu’avec cette connaissance du bâti, réemployer la structure existante, en la modifiant à dessein, était de loin le principe écoresponsable le plus vertueux ; principe que nous appliquons maintenant dès qu’un site occupé se présente à notre conception. Et finalement, qui sommes-nous pour juger qu’une construction de nos « pères » est vouée à la démolition et doit disparaître sans le moindre respect ? Sommes-nous meilleurs architectes que ces derniers, de qui nos professeurs ont d’ailleurs appris. Si les Bâtiments de France protègent frénétiquement un patrimoine historique identifié (et arbitrairement les édifices qui les entourent dans un rayon métrique tout aussi arbitraire), pourquoi tous les autres édifices n’auraient-ils pas la moindre valeur ? Dans nos projets en tous cas, nous avons ce respect de l’historique de la construction, qu’elle ait plus de 200ans ou juste 50, pour en conserver ce qu’elle a de remarquable, peu ou plus, valider une contrainte financière, et poser le premier jalon d’une économie circulaire.
L’éco construction ou construction durable englobe l’utilisation de matériaux recyclables, la limitation des déchets et le confort et santé de l’occupant en maîtrisant les différentes consommations d’énergie et d’eau. Ces principes doivent être maintenant le minimum pour tous les projets, à l’instant T de leur genèse, puis de leur mise en chantier, et de leur livraison. L’empreinte carbone est analysée et réduite sur leur premier cycle de vie. Nous essayons de prolonger notre démarche responsable au-delà de ce premier cycle, en construisant un édifice DURABLE au premier sens du mot [de nature à durer longtemps, qui présente une certaine stabilité, une certaine résistance]. Le bâtiment dans sa fonction première doit pouvoir évoluer. Il doit même pouvoir changer de fonction en fin de son cycle. Le choix des matériaux est important, mais cette importance ne réside pas tant dans le réemploi potentiel du dit matériau que dans ses capacités à durer, d’une part, et dans ses capacités à offrir une évolution à l’édifice qu’il compose, d’autre part. Comparons un bâtiment à ossature bois, entièrement recyclable et donc détruit en fin de cycle, à une construction en béton ou métallique, certainement moins recyclable mais dont la conception de structure (grandes portées de planchers et peu de points porteurs) va lui permettre d’être repensée dans son utilisation future sans être démolie mais justement conservée en l’état car les surfaces qu’elle compose sont libres et évolutives. N’est-ce pas là le vrai sens du terme DURABLE. L’exemple de la structure est parlant, mais ce principe d’éco construction doit également s’appliquer aux compositions de façades, en terme d’ouvertures, comme en terme de modification possible vers de futures extensions, comme finalement en remplacement de matériaux dans le temps pour l’amélioration de performances thermiques de ces parois. Il concerne également l’organisation verticale des bâtiments : ne pas déplacer un escalier ou un ascenseur, concentrer les réseaux et faciliter leur remplacement pour des systèmes à venir. L’échelle temporelle reste vaste, nous parlons de dizaines d’années. Les besoins et les usages restent forcement encore inconnus. L’intérêt d’une étude pointue pour une flexibilité maximale est donc gage d’un édifice durable et transformable, limitant ainsi l’impact environnemental de ses transformations futures et prolongeant ainsi son cycle global. Pour les bâtiments existants, le dérivé de ce principe consiste donc en leur réhabilitation
Nous aimons travailler des matériaux bruts. En structure, forcément, de par ma formation d’ingénieur, les trames et portées sont choisies, les sections sont optimisées, la définition technique suit une démarche architecturale. Non pas parce qu’il s’agisse d’une logique de construction ou d’un process de conception où l’ingénieur établit son plan sur le projet d’architecte, mais parce les deux sont intimement liés. Ainsi, une structure ordonnée et pensée, n’est-elle pas l’essence du Beau selon Vitruve ? Et donner au profane la faculté de comprendre la structure de l’édifice ne le rend-il pas beau ? Au choix des matériaux, utiliser le bois au premier sens du terme est de fait un choix responsable, mais nous aimons l’associer à d’autres solutions plus pérennes : l’acier au premier rang. Nous travaillons dans une région qui a longtemps été portée par son industrie sidérurgique. C’est le passé de nombre d’entre nous à commencer par moi, ayant grandi à côté de ces cathédrales que furent les hauts fourneaux. C’est une mémoire qu’il faut entretenir plutôt qu’un passé honteux. Et quand certains produits bois font le tour de l’Europe, voire du monde avant d’arriver sur nos chantiers, les produits sidérurgiques sont produits à quelques kilomètres. D’autant que cette industrie travaille sur son impact carbone et vise à produire des aciers décarbonés à l’horizon 2050, et capte déjà le CO2 produit pour le réutiliser. In fine, l’acier est un matériau entièrement recyclable, les profilés de structure peuvent être démontés, modifiés et réemployés ; les autres composants métalliques sont déjà largement recyclés. Que dire du béton, largement décrié et pointé du doigt pour son impact carbone… C’est pourtant un matériau que nous mettons en œuvre régulièrement… Au sens de l’économie circulaire, c’est un matériau qui est produit en de nombreux points partout en France donc forcément à proximité de tous les chantiers. Pour lui aussi, les grands industriels du secteur œuvrent à la réduction de son empreinte écologique. Il reste un matériau inerte qu’il est aisé de recycler dans les granulats composants la nouvelle production. Criblé sur site lors de sa déconstruction, il compose également les formes et empierrements des nouveaux édifices.
Co – Gérant